Une musique reggaeton remplit les locaux de la Casa Joven Antigua Guatemala où quelques jeunes s’occupent à faire des travaux d’école, d’autres se regroupent autour de la porte et discutent d’un concert punk qui aura lieu bientôt. Au deuxième étage, les coordinateurs et bénévoles de la Maison des Jeunes élaborent des projets de prévention et des outils pédagogiques pour encadrer les jeunes vulnérables à la violence juvénile ou qui ont déjà fait partie de maras (gangs) et tentent de commencer une nouvelle vie.
« APREDE (Association pour la Prévention de la Délinquance Juvénile) est un projet qui a commencé son travail avec les jeunes dans la rue, sans local, sans bureau. Mais on s’est vite rendu compte que la violence de la rue rendait le travail difficile, et le concept de la Casa Joven est né, » explique Juan Carlos Arrevillaga Varguez, directeur technique d’APREDE.
« Ici, quand les jeunes étudient, c’est généralement pendant des demi-journées. Du coup, soit ils travaillent la moitié du temps, soit ils sont dans la rue, ils ne font rien. C’est là qu’ils vivent le risque, » ajoute Élisabeth Desgranges, une bénévole d’Uniterra qui travaille à la Casa Joven. « Alors on organise des activités, des cours d’informatique, des cours de boulangerie, de l’appui aux études et aux devoirs… »
La Casa Joven offre également de plus en plus d’activité en collaboration avec d’autres organisations en ville : des bourses d’art et de sport permettent à des jeunes de suivre des cours de piano et de karaté, entre autres. « À la base, nous essayons de produire un changement de mentalité. Nos projets tentent de démontrer à la société que ces jeunes ne sont pas des extraterrestres, ce sont des Guatémaltèques, » poursuit Arrevillaga. « Ils ont vécu des expériences négatives dès leur enfance. Ils ont fait ce qu’ils ont fait aveuglément parce que les circonstances et la société sont déjà prédisposées à générer la délinquance. La société ne pense pas à prévenir. Au contraire, elle incite les jeunes à la délinquance. »
Deux ex-mareros réformés, Alex et Sergio (qui ont déjà assumé légalement les conséquences de leurs actes passés) travaillent à la Casa Joven. Premièrement, ce lieu leur a permis de changer de mode de vie. Maintenant, en plus d’offrir leur support à d’autres, ces deux jeunes dans la mi-vingtaine travaillent avec le gouvernement, la police et les travailleurs sociaux pour montrer que le changement est possible. Ils tentent également de déconstruire le préjugé bien ancré dans la mentalité guatémaltèque que si un jeune est tatoué, il est automatiquement délinquant.
La réhabilitation d’un jeune qui a vécu dans un milieu violent est un processus long et acharné, difficilement quantifiable. C’est un défi de taille que doit relever APREDE, d’autant plus que la recherche de fonds nécessite des chiffres pour appuyer une demande. Néanmoins, ce genre d’encadrement est nécessaire pour permettre aux jeunes de tous les environnements de se construire un futur meilleur.
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